Auteur : Primo Levi
Traducteur : Martine Schruoffeneger
Éditeur : Pocket
Prix : 6.20€
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Avant-propos :
Bon, il me semble nécessaire de faire cet avant-propos, je parlerai de ce témoignage tel que je l’ai lu, tel que je l’ai ressenti, en radiant les accusations qui ont été effectué à son propos.
Tout est mensonge, peut-être, alors si tout est mensonge, je
lisais donc ce livre, non en tant que témoignage et œuvre autobiographique mais
en tant qu’œuvre fictive, en tant que récit ?
Je ne dirais pas ça, cela est absurde, je prends en compte
les accusations, Primo Levi dira :
« ...il faudrait que je raconte des choses
vues il y a trente-cinq ans. Mais suis-je vraiment sûr qu'elles soient
véridiques et suis-je tenu de raconter des faits véridiques, ou ne puis-je, par
exemple, les arranger selon mon bon plaisir, voire en inventer de nouveau ? »
Il est vrai que le
témoin d’une terreur, peut accentuer les choses à son intérêt, et sûre que
Primo Levi a été accusé de mensonge, mais il n’est pas le seul, Le Journal d’Anne
Frank le sera aussi. Si on en croit ces accusations, des Êtres ayant subi une
extermination, un génocide, un racisme absurde, une population visée peut-elle
tirer profit de son malheur ? Est-ce mal vu ? Est-ce normal ? Doit-on
lire, doit-on ne pas lire ?
J’avoue avoir été très déçue d’apprendre que le journal d’Anne
Frank été en réalité faux, j’ai eu l’impression d’être trahie, mais la vérité,
et la vérité pure, c’est que ce qu’Anne Frank (ou son père, ou je ne sais qui),
en tout cas, les bases, les morceaux de textes qu’Anne Frank (ou son père, ou
je ne sais qui)a écrit sont des faits, des faits qui n’ont peut-être pas été
vécus de cette façon chez la famille Frank, puisqu’ils furent soit disant « inventés »
mais des faits que des familles ont subi pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Alors passons le mensonge et lisons, lisons comme on
souhaite lire, un témoignage, une œuvre autobiographique, un récit purement
inventé, une fraude, que sais-je ? Lisons et oublions, n’oublions pas l’acte,
oublions les accusations, méfions-nous toujours de ce qui se dit vrai, et ce
qui se dit faux, nous ne sommes jamais sûrs de rien, nous ne sommes jamais sûrs
de ne pas nous faire trahir.
Pour plus d’informations, concernant les informations
accusant Primo Levi : http://ecehg.ens-lyon.fr/ECEHG/pdf/levi.pdf
Pour plus d’informations, concernant les informations
accusant Le journal d’Anne Franck :
Passons,
J’ai donc lu ce livre comme Primo Levi aurait aimé que je le
lise, en tant que témoignage.
En effet cette œuvre autobiographie de Primo Levi, se
déroulera de son arrestation en 1943, en Italie, en tant que résistant antifasciste,
puis se terminera en janvier 1945, lors de sa libération par l’armée
soviétique.
Primo Levi évoquera toute cette période avec une neutralité
intacte, une apathie extraordinaire face aux évènements qu’il subit, de cette
période qui a déshumanisé toute une population, de ses descriptions vécues, je
ne ressentais que de l’émotion, Primo Levi évoque sa vie au Lager, dans le
froid, la faim, la cohabitation, l’humiliation, le rapport de déporté avec les
Allemandes(l’Homme face à la femme, passage très dur par ailleurs), les
maladies et toutes ces caractéristiques qui ont menées à la démolition de l’homme
juif, tzigane..
Ce qui m’a le plus
surprise et je ne suis pas la seule quand on regarde l’Appendice où Primo Levi répond
aux questions qui lui ont été posées, c’est que celui-ci ne ressent aucune
haine envers les malfaiteurs qui ont fait de lui un homme faible et humilié,
aucune haine, et on en ressort avec une vraie leçon d’humanité, et cette leçon
d’humanité est très bien retransmise à la simple ouverture du livre :
« Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons,
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise et des visages amis,
Considérez si c’est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connaît pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain,
Qui meurt pour un oui pour un non.
Considérez si c’est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu’à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
N’oubliez pas que cela fut,
Non, ne l’oubliez pas :
Gravez ces mots dans votre cœur.
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant ;
Répétez-les à vos enfants.
Ou que votre maison s’écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous. »
Ce qui est bon et tellement bon, c’est que dans ce
témoignage s’intègre le récit, et lectrice d’énormément de livres d’histoire,
cela manque parfois, nous n’avons pas que des dates, un évènement, et sa
signification, non, nous avons l’évolution du déporté en question sur sa vie au
Lager avec ses sentiments, ses émotions, ses ressenties, son calme, son génie
et pour finir son courage.
Un des plus grands témoignages de la Seconde Guerre
Mondiale, un des plus troublants, un des plus émouvants, et tout simplement un devoir
de mémoire.
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