Auteur : Guy de Maupassant
Annotateur : Louis Forestier
Éditeur : Gallimard
Collection : Folio classique
Prix : 2€00
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Bonjour à tous, en ce jour je reviens pour vous parler d’une
lecture, symbolique de l’individualisme, de la bassesse et de l’hypocrisie
humaine. Dénonçant les grands de cette société (ou pas) passée, réduisant les
personnages à leur propre réalité, c’est-à-dire leur ignorance et démontrant
que les petites gens sont parfois les êtres les plus respectables et
honorables. Dans une sincère réalité, nous retrouvons donc une nouvelle vraie
et pourtant triste de dénoncer ce que le peuple est vraiment.
Dans le cadre parfait de la nouvelle réaliste, Boule de Suif
s’installe parmi une des plus belles œuvres dénonciatrices de Maupassant, écrite
en 1879 puis parue en 1880, d’abord avec ses amis des Soirées de Médan, puis
dans le recueil de nouvelles réalistes, « Les soirées de Médan ».
Cette nouvelle fut une des plus grandes réussites de Maupassant, elle fera de
lui, un grand de la littérature française, elle sera adaptée au cinéma ainsi
qu’au théâtre de nombreuses fois.
Maupassant nous fait part ici d’un réalisme assuré, en
effet, l’histoire se déroule sur une période historique réelle, pendant la
guerre Franco-Prussienne. Il se dit que l’oncle de Maupassant ait inspiré le
personnage de Cornudet, personnage emblématique de la nouvelle, et le second
personnage essentiel, Boule De Suif, fut inspiré d’une prostituée rouennaise,
qui est Elisabeth Rousset. De plus le déroulement de la nouvelle se passe en
Normandie, dans des lieux considérés par Maupassant, l’auberge dans laquelle
les dix personnages « séjourneront » existent aussi également. Les
personnages qui y sont présents ne peuvent être mieux décrit, des descriptions
si sincères, fidèles à Maupassant, notamment pour celle de Boule de Suif, qui
est très concrète, les attitudes ne sont ni embellis ni enlaidies, dans les
qualités comme dans les vices, nous avons une réception sincère des sentiments,
de toutes les classes sociales, représentées par un couple de personnage, dans
un temps de crise et de guerre.
C’est donc tous ces éléments qui complètent le
cadre spatio-temporel qui nous plongent dans une nouvelle réaliste pure.
Nous retrouvons des thèmes forts dans cette nouvelle, des
accusations importantes également, en effet Maupassant dénonce la guerre, d’une
façon très péjorative, les soldats y sont vus comme des bêtes et non plus des
hommes, « redevenus des bêtes affolées », prêts à « tuer par
plaisir, tuer par terreur », ils sont ainsi appelés les « partageurs
de la mort », les « citoyens de la tombe », des termes très
lourds et très puissants. Cependant, la guerre, elle, est présente au cœur de
toute la nouvelle, et rythme le récit nous retrouvons également une terrible
critique des Prussiens, Maupassant voit en leur arrivée « un tremblement
de terre ».
Mais nous avons, effectivement une critique sociale
évidente, en effet la nouvelle se rapporte sur dix personnages, dont deux
personnages notoires, chaque personnage représente une classe sociale du XIXème
siècle, commençons donc par présenter :
- Boule de Suif, appelée ainsi pour ses formes généreuses et son physique gras, celle-ci nommée que par son surnom, ce marque dès le début de la nouvelle en position d’infériorité, cette femme exerce une profession contraire à la morale, en effet, elle est prostituée, mais également une femme à conviction avec des idées politiques et religieuses concrètes.
- Le deuxième personnage, Cornudet, qui est présenté essentiellement selon ses idées politiques, possédant une attitude bruyante et franche mais qui n’a point l’air d’agir souvent, un homme qui ne fait donc que parler, ironie du révolutionnaire, haineux envers les bourgeois…
Boule de Suif et Cornudet
semblent les deux personnages respectables de la nouvelle, en effet, ils luttent
tous-deux contre la décadence humaine, ils sont perçus comme des marginaux dans
une société égoïste, sans âme, sans pitié, n’ayant qu’en tête leur simple
intérêt.
Passons à présent, aux quatre
autres couples, d’abord,
·
Les Loiseau, bourgeois, qui se montrent odieux
envers Boule de Suif, ils représentent la bourgeoisie et son avarice, l’égoïsme
et l’individualisme.
·
Les Carré-Lamadon, bourgeois normands, forts en
pouvoir, faibles en pensée, hypocrites. Monsieur se dit politicien, mais ne
voit que l’argent, homme sans convictions. Madame, elle, méprise Boule de Suif
alors qu’elle-même est une bonne connaisseuse de l’adultère.
·
Les Bréville, aristocrates normands, lâches,
argumentent fortement afin que Boule de Suif cède aux avances du prussien, en
pensant qu’à leurs propres petits intérêts. Leur intellectuel leur permet une
manipulation facile sur leur camarade, en effet ils réussiront les deux
religieuses à convaincre Boule de Suif.
·
Les deux religieuses, représentent une critique
de l’église, paraissent comme des automates, effectuant des gestes mécaniques
religieux.
La nouvelle se déroule sous la guerre Franco-Prussienne, de
1870 à 1871, où Rouen est envahie, dix habitants décident donc de prendre la
diligence, un transport commun, pour fuir Rouen et s’établir à Dieppe, dans un
froid hivernal, cela vont faire un arrêt dans une auberge à Tôtes, ville
également occupée par les prussiens.
Cependant le lendemain, les dix
personnages ne pourront partir qu’à une seule obligation, un chantage effectué
par un officier Prussien, qui exige que Boule de Suif couche avec lui pour que
les dix rouennais repartent sur leur exil. Tous, sont d’abord choqués par cette
exigence, puis la faim, l’ennui, l’égoïsme finissent par se présenter,
indirectement ils vont pousser Boule de Suif à bout, jusqu’à ce que celle-ci
accepte. Une fois chose faite, une fois le sacrifice de Boule de Suif établi,
les voyageurs vont pouvoir partir au petit matin, mais Boule de Suif,
contrairement au début du voyage, n’a pas eu le temps de se préparer de la
nourriture, nourriture qu’elle avait offert à ses camarades, ses camarades eux,
arrivés l’heure du déjeuner, vont manger bien calmement en ne laissant aucune
miette à la respectable Boule de Suif.
Celle-ci s’effondre en larme devant
l’égoïsme et l’ignorance de cette petite société.
Cette nouvelle est donc très forte et puissante dans la
représentation sociale, en effet la femme qui semblait au départ, la moins
respectable par sa profession, retourne la situation par son courage et son
sacrifice, elle finira par se montrer comme une héroïne, délaissée et victime
de sa générosité.
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