lundi 16 mars 2015

Les Carnets D'un Déporté Résistant - Grand-Mère, Matricule Klb 42522, Christian Boitelet.


Auteur : Christian Boitelet
Éditeur : La Fontaine De Siloé
Collection : Carnets De Vie
Prix : 8.00€


Encore un témoignage de la Seconde Guerre Mondiale, poignant. Peu connu est tellement terrifiant, en effet ce récit mémoire, rédigé en mars 2002, sous la forte demande des professeurs qui le pousse à faire ce travail sur son expérience pour « assouvir un devoir de vérité » de plus, il rédige ce témoignage car : « […] il nous faut témoigner, nous les rescapés des camps de la mort, je continue de parler de ces temps révolu de Buchenwald, de Dora, D’Ellrich, d’Heinkel et de Sachsenhausen pour qu’il ne se reproduise pas. J’en parle aussi pour tous ces camarades morts en déportation, pour mon père, pour les pendus qui hantent ma mémoire.[…] Par l’écrit, je tiens à laisser les traces de ce sombre récit de résistance et de déportation[…]. »



Nous avons ici, non un témoignage de Juif déporté, mais de résistant déporté, car il ne faut pas oublier ces Hommes qui se sont battus pour notre pays, ces hommes morts pour la France, 
 Christian Boitelet, arrêté seulement à l’âge de 19 ans a pu en 2002 nous témoigner de sa terrible expérience, relevant ainsi le retour des résistants et des déportés en général, dans une réinsertion dans la société, chose très compliquée, faute d’état santé médiocre et de manque d’argent, une réelle leçon de vie sur l’humanité.

Léger rapport du titre : "Pendant une période de la Seconde Guerre mondiale, on me surnommait Grand-Mère ; et aussi, matricule KLB 42522."
 


Christian Boitelet, jeune Ardennais de 19 ans, fils de résistance par son père qui était militant actif dans la lutte contre le fascisme, son frère pareillement était un résistant, tous deux s’engagent « dans un réseau favorable au Général de Gaulle ». Son père fut arrêté le 27 février 1943 par la faute d’un « mouchard », il se fit transférer à la prison de Charleville, et sera rapatrié au camp d’internement de Sachesenhausen en Allemagne, 5 mois plus tard son frère se fera arrêter et conduire au camp de Dachau.
Traumatisé par la perte de son père et son frère, il lui viendra un esprit de révolte, il s’engagea donc à son tour dans la Résistance, en juillet 1943, il fait partie du mouvement « Libération Nord » et devient sergent des FFI, il se fera arrêter en novembre 1943, à 15h exactement, on lui fer passé un interrogatoire le 28 novembre, afin de savoir son réseau de résistance, interrogatoire, par ailleurs remplis de cruauté, refusant de parler, on le frappe avec une matraque, il cite : « les coups commencent à pleuvoir partout. J’ai le nez cassé. Mes mains sont sanglées. » Ou encore, « Un bourreau arrache mes ongles »…

Par la suite de cet interrogatoire il sera transféré au cam de Compiègne le 19 janvier 1944, de là il enchainera les camps en passant par Buchenwald, Dora…lors de ses présences au camp, on observera toujours la cruauté des Nazis, il expliquera tout au long de son témoignage son état délabré... Sans jamais perdre espoir, il se battra sans jamais être suicidaire, comme l’ont été de nombreux déportés qui se sont jeté sur les barbelés électriques. Certes, par son état il eut des moments de faiblesse mais il fut toujours résistant et combattant, il dit « C’est résistant un homme », Ferdinand, son chef de block, l’aide à garder l’envie de se battre « Grand-Mère, vous êtes trois déportés dans la famille. Il faut  au moins qu’il y en ait un qui rentre vivant pour raconter ce qui se passait dans les camps nazis. Alors il faut tenir ! »
Et « Grand-Mère » tiendra ! Le 22 avril 1945, les Russes libèrent le camp de Dora, et Christian fut rapatrié en France le 25 juin 1945, après de lourdes batailles dans les wagons, par les alliés…
Arrivé en France, il retrouvera son frère à l’Hôtel Lutétia, hôtel accueillant les déportés en fin de guerre, après leurs libérations par les alliés, sans argent il ne put vivre bien, de plus avec un état de santé misérable, difficile de trouver un emploi, c’est avec l’aide de personnes pleines d’humanité, qu’il sera Maître-Tailleur en 1948, il réussira le concours de Maître-Tailleur Militaire en 1950 et partira donc au Maroc, où il fut muté, il sera dans l’obligation de rentrer en France, hanté par ses souvenirs. A son arrivée en France, il rencontrera un groupe d’anciens déportés, ensemble ils iront dans les camps de Buchenwald, Ellrich-Gare et Dora, par ces douloureuses « visites » si je peux dire, il décidera de retourner au Maroc pour une durée de 4 ans, il se rendra ensuite en Algérie pendant deux ans et pour finir à Madagascar de fin 960 à 1963. En 1968, il se rendra à St-Paul-Le-Jeune, dans le département de l’Ardèche pour cause de problèmes médicaux…Il vivra paisiblement en n’oubliant jamais ces terribles épreuves avec sa femme dans ce lieu.


Un témoignage à lire, pour un devoir de mémoire premièrement, pour une leçon d’humanité deuxièmement, pour une réalité à accepter.



Christian Boitelet.
 « Ce "musulman" toujours debout, toujours vivant ».
 



 

2 commentaires:

  1. je lis beaucoup de romans sur la seconde guerre mondiale, mais finalement rarement sur ces hommes de la résistance, et c’est bien dommage, voilà un livre que je garde dans un coin de ma tête pour y remédier.

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    1. Il est vrai qu'on ignore souvent le témoignage des résistants, cependant cela ouvre réellement une ouverture différente sur la Seconde Guerre Mondiale et son atrocité.

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